Il y a parfois des évènements et des constations qui nous font réaliser que le temps passe, que beaucoup de temps a passé. En adoption, les mois et les saisons s'accumulent pour finalement former des années. Les années, elles aussi, s'accumulent.
Au départ, nous inscrivions mensuellement dans notre agenda le nombre de mois d'attente complété. Nous avons délaissé cette pratique après 2 ans pour des raisons évidentes. À quoi bon insister sur un chiffre croissant qui ne fait que nous rappeler l'absence de ce que l'on souhaite.
Mais voilà que ce décompte nous rattrape indirectement à la seule obervation de gens dans notre entourage.
En fait, c'est davantage par l'observation des enfants des gens de notre entourage...
Au tout début de nos démarches, certains de ces enfants n'étaient même pas conçus alors que cette année, ils intègrent le milieu scolaire.... Au début, certains couples ne se connaissaient même pas, alors que cette année, ils accueillent leur 1er ou 2e enfant.... Au tout début, certains étaient si petits, alors que cette année, nous les voyons quitter dans l'autobus scolaire....
Plus tard au cours de notre attente, il y a eu toutes ces collègues de travail, qui sont parties en congé de maternité, puis revenues de congé, pour très souvent partir de nouveau et évidemment, finalement revenir au travail.... Il y a eu toutes ces grossesses, surprises ou planifiées, alors que maintenant ces enfants courent, jouent, s'expriment et sont aimés par leurs parents comblés....Il y a eu toutes ces autres histoires de familles qui évoluent, qui vivent au quotidien, qui préparent les anniversaires, les fêtes, les vacances....Il y a aussi eu, à notre grand réconfort, tous ces parents adoptants qui ont finalement eu le bohneur de connaître leur enfant....
Et il y a nous, encore patiemment en attente et simples témoins des familles qui se forment alentour de nous et des expériences qu'elles vivent.
Nous nous sommes toujours donnés comme conviction de nous réjouir avec sincérité du bonheur familial des autres et de nous en inspirer. Nous ne récolterions rien de sain à cultiver de l'amerture. En toute honnêteté, nous respectons notre conviction en tout temps, mais ce n'est pas toujours facile. Notre coeur est souvent serré par notre propre tristesse à l'heure de transmettre nos meilleurs voeux.
Il s'en passe des évènements en 63 mois. La vie des gens se transforme...
Bien sûr, nous avons aussi eu notre part d'accomplissements et d'évènements heureux, mais nous avons parfois l'impression que notre vie est sur pause. Nous sommes en attente. En attente de notre vie familiale. Nous avons le sentiment de regarder les gens poursuivre leur route et aller de l'avant alors que nous demeurons prisionniers de la case départ, celle que nous occupions bien avant d'autres.
Nous nous sommes investis dans plusieurs projets depuis le début, mais maintenant le coeur y est moins. Notre coeur attend la réunion de notre famille. Tous les autres projets n'arrivent plus à nous faire patienter. Ils ont perdu de la saveur et sont devenus bien secondaires.
Toutefois, nous gardons confiance. Les récents développements au Vietnam nous ont encouragés. C'était peut-être notre dernier été d'attente. L'automne prochain, ce sera peut-être à nous d'aller cueillir les pommes avec la petite famille...